Le thème principal de mes recherches sur l'art est le corps. L'impersonnalité des images que je dépeint est un tentative de s'éloigner de l'individu et de permettre ainsi au spectateur de percevoir dans ma démarche le travail  qui il veut, y compris lui – meme. Une image sans visage n'est personne et en meme temps tout le monde. A travers ces corps, je suis à l'aise pour communiquer avec le public, pour m'exprimer sur les phénomènes sociaux et les expériences intérieures que m'intéressent.
J'aborde à la fois des thèmes mondiaux – l'emigration, les inégalités ethniques, l'écologie – et des sentiments profondément intimes – les peurs, l'acceptation de soi. Mes oeuvres sont souvent domineés par des images féminines, parce que à travers mon propre corps, il est plus facile pour moi de comprendre beaucoup de choses.
Je me demande ce qui se cache à la frontiére du vivant et du non – vivant, comment cela se brise à travers l'abstrait. La forme corporelle porte souvent les horreurs de la conscience. Et l'image du corps me semble importante maintenant parce qu'aujourd'hui nous sommes témoins d'erreurs monstrueuses de l'ame. De la transmission de la sexualité franche en peinture, je passe au désir de transmettre des émotions. Je suis suprise à chaque fois de voir en mon l'intérieur des réactions inattendues au monde extérieur, comment il se réfracte, se brise à l'intérieur, en passant par les limites de l'histoire personnelle et de ma composition chimique. Le corps, que donne naissance à des images du moment, des sentiments de tendresse, sont ensuite déformées par le mémoire, la compréhension de la mort et de l'ordre naturel. J'aime observer le processus de mouvement du corps et sa transformation. Je m'inspire des photos d'animaux sauvages ou de postures humaines étranges. En étudiant toutes sortes d'interactions, je brise la frontiére séparant un corps d'un autre. Je trouve ce processus trés amusant et pour moi, c'est comme travailler avec un langue étrangère en traduisant des signes en images.